Accueil Culture Montassar Bezzez, artiste lyrique et fondateur de « Fausse Note », à La Presse : «Je tiens à chasser ce désintérêt pour la culture»

Montassar Bezzez, artiste lyrique et fondateur de « Fausse Note », à La Presse : «Je tiens à chasser ce désintérêt pour la culture»

Montassar Bezzez, trentenaire, se lance dans la création d’un centre culturel à Hammamet. Un challenge de taille qu’il s’apprête à relever dans une région appauvrie culturellement et malgré la conjoncture économique critique que connaît la Tunisie. Ce lieu émergent est une adresse pour les artistes en herbe et les graines de talents de la région. Actuellement, son jeune fondateur fait de la résistance pour contourner les difficultés, pense la région à travers «Fausse note» et rappelle la nécessité d’y entamer une dynamique culturelle.  Rencontre.

Le public ne vous connaît pas assez, pourtant vous avez courageusement ouvert récemment un centre culturel baptisé « Fausse note», dans une ville dépourvue de culture et d’arts. Qui êtes –vous et quelle est l’origine de ce projet ?

Je suis artiste lyrique, étudiant à l’Institut supérieur de musique de Tunis, je prépare mon mastère, et je suis originaire de la ville de Hammamet. C’est étonnant à dire, je suis de Hammamet, mais je ne connaissais pas Dar Sebastian, ni le Centre culturel méditerranéen de la ville, et qui reste connu dans le monde. Ce n’est qu’en intégrant l’Institut de musique en tant qu’étudiant, que j’ai pu découvrir ce lieu historique. Et je peux vous assurer que de nombreux jeunes de la ville sont comme moi : Ils ne connaissent même pas l’existence du centre / musée, de ses jardins et encore moins l’histoire de ce site. À une certaine époque, je me suis interrogé sur ce qui manquait à cette magnifique ville : la culture lui manque cruellement. Depuis, j’ai décidé d’y remédier, en créant «Fausse Note », un centre culturel pluridisciplinaire, et qui donne accès à des ateliers de formations — toute discipline artistique confondue—, théâtre, danse (contemporaine, classique, hip-hop, orientale), chant, atelier de céramique, et bientôt peinture et projections de cinéma. Il est accessible depuis 2 mois au grand public.

D’un point de vue artistique, ce qui manque à la ville de Hammamet, selon vous, c’est bien un centre culturel ?

Un centre qui est conçu selon ma propre vision, oui. Loin de l’approche académique, loin de la théorie, en se basant sur une approche didactique. Je permets au public d’apprendre sans passer par l’Etat, ni par des formations toutes prêtes. Je favorise l’accès à la culture, spontanément et facilement. Je conçois un lieu pour les passionnés, leur permettant de pratiquer, et d’apprendre.  Il faut bien commencer, en créant un marché dans la région. La demande peine encore : il faut attirer le public local qui n’a pas encore cette spontanéité d’aller vers la culture.

Quelle est la structure de « Fausse Note » ?

En musique, il y a Zouhaïr Gouja qui m’aide. Dans l’art plastique, Baker ben Fraj supervise et donne conseil. C’est le cas de tous ces professionnels qui m’entourent. Pour le théâtre, j’ai Mohamed Ali Madani et Houssem Sahli. Malek Zouaidi pour la danse. Pour les instruments de musique, il y a l’apprentissage de la guitare, du violon, du qanoun et d’autres instruments. Je compte perfectionner la stratégie de communication et renforcer la visibilité sur les réseaux sociaux. Il le faut de nos jours.

Que faut-il régler en urgence pour que « Fausse Note » trouve sa voie ?

J’ai entamé un gros chantier que je viens de finir. Je dois combler les lacunes d’ordre financier. Je n’ai aucun soutien de l’Etat. Aucun retour du ministère de la Culture, que j’ai tenté de joindre à plusieurs reprises. Le centre manque de médiatisation encore, mais ça viendra… L’organisation d’événements créera sans doute une dynamique souhaitée et attendue. Il s’agit d’un projet unique dans la région. Un projet qui connaît, en ce moment, timidement mais sûrement, des visiteurs. Les débuts ne sont pas faciles. Des projections de films sont à prévoir très bientôt. Je reste ouvert à toutes les collaborations. Je ne lancerai pas d’appels, mais je tiens à ce que tout le monde vienne voir, visiter, découvrir. C’est un endroit pour tout le monde. À long terme, je vois un centre qui soit accessible pour des générations futures, une adresse pour les jeunes désireux de pratiquer un art. Il faut entretenir cette passion pour les arts, et je tiens à chasser ce désintérêt pour la culture chez les citoyens de la ville. « Fausse note » est une vision artistique, bien pensée. J’enrichis la ville en culture. J’y crée une vie culturelle, en lançant ce centre. J’espère qu’il perdurera à travers les visiteurs d’ici et d’ailleurs.    

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Un commentaire

  1. agence de voyage

    3 février 2023 à 20:39

    Une bonne initiative, bon vent

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